recherche et action en sciences sociales

Spacelike

Spacelike est un dispositif de recherche assistée sur le web qui met en conflit nos représentations de l’art et du non art par l’analyse des discours sur les artistes. Il permet aux utilisateurs d’influer, par leurs requêtes et leurs actions, sur le choix des sources de données et leur traitement.

Avant tout, la plateforme se présente comme un outil, comme peut l’être par exemple google, qui ouvre aux utilisateurs un accès à des données, et des moyens pour interpréter ces données.
Afin de respecter ce point de départ, la plateforme ne comporte donc pas d’explications théoriques, un simple renvoi est fait aux travaux précédents des auteurs.
La présentation est donc volontairement dépouillée, sur le modèle des interfaces développées par les grands acteurs du web 2.0, Twitter, Google et Facebook. Cette similarité visuelle et ergonomique permet de s’assurer que l’utilisateur arrivant sur le site appliquera intuitivement les mêmes schèmes d’action que ceux qu’il est habitué à mettre en oeuvre sur les grandes plateformes web.
Par cette absence d’explications, l’utilisateur est laissé seul maître de l’interprétation à donner aux résultats de ses requêtes, et aux visualisations fournies, dans lesquelles il va reconnaître des noms d’artistes, découvrir des relations entre artistes, et tenter de comprendre ce que ces relations peuvent signifier.

Cette absence totale de guide, malgré le fait de fournir des outils de visualisation plutôt avancés, basés sur de vrais algorithmes issus de la recherche, renvoit justement à nos usages des grandes plateformes du web 2.0, qui semblent fournir un outil intuitivement évident, mais qui n’a d’évidence que celle de l’usage qu’on peut en faire. Car, en définitive, peu de gens connaissent la signification réelle des résultats qui leur sont proposés, et encore moins le traitement algorithmique qui peut être donné aux listes de recherche, aux actions des utilisateurs et aux millions de requêtes saisies par des utilisateurs.

Si un utilisateur de google peut penser que la liste de résultats qu’il obtient répond simplement à sa recherche, il ne se doute pas du fait que :
a) Sa requête est acquise au prix de la fourniture d’une requête à google, et d’un ou plusieurs clics, qui tous informent la plateforme de certaines intentions, attentes, frustrations, inquiétudes... Cette interaction est donc un échange, et l’utilisateur a payé son service.
b) Les résultats proposés ne le sont que parce qu’une certaine architecture est proposée sur le web, et que la plateforme est capable d’analyser cette infrastructure, de corréler les attitudes des utilisateurs du web à celles des fournisseurs de contenus, au moyen d’algorithmes qui ne sont pas dénués d’engagement ontologique. En somme, les listes de résultats ne sont pas dénuées de sens, et ne fournissent pas juste un inventaire des choses disponibles, mais proposent une liste interprétable en tant que liste, et en tant que processus qui a mené à la constitution de la liste.

Spacelike utilise et met en oeuvre exactement les mêmes ressorts que ces technologies du web 2.0, à la différence qu’elle place l’utilisateur face à son propre usage des outils en le forçant à interpréter les signes et les calculs, et en lui proposant explicitement de nourrir l’évolution du dispositif en lui fournissant des requêtes et des informations.

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